Guide du "Parler Lyonnais"

Cédric
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En immersion dans l'ancienne capitale des gaules, pour affaire ou simplement en visite touristique, vous allez vite remarquer au coin d'une rue, sur la carte d'un restaurant ou lors d'une discussion, des expressions lyonnaises ou mots inconnus de votre lexique. Pas besoin d'aller à l'étranger pour être confronté à la barrière des langues. Rien d'anormal, Lyon a longtemps utilisé un dialecte issu du francoprovençal dont il subsiste encore de nos jours de nombreuses locutions.

parler lyonnais dialecte
Les dialectes en France

Dans ce genre de situation, le guide pratique du Parler Lyonnais sera pour vous d'une aide primordiale. Alors à vos stylos pour un petit cours de langue lyonnaise !

Expression lyonnaise


Le parler lyonnais


Est-ce que les lyonnais ont un accent ?


Variante du francoprovençal, le parler lyonnais ou patois lyonnais a une phonologie assez particulière dont l'accent est encore perceptible. L'accent est remarquable sur la prononciation de la voyelle 'o' et de 'eu' avec une prononciation "fermée". Par exemple, le mot "jeune" se prononce comme "jeûne".

L'accent lyonnais traditionnel, mais encore actuel, se remarque sur la prononciation des voyelles /o/~/ɔ/ « o » et /ø/~/œ/ « eu » de façon très fermée : ainsi, jeune (/ʒœn/ en français standard) se prononce pratiquement comme /ʒøn/ jeûne.

Autre exemple, dans les noms propres de lieux, les consonnes finales ne se prononcent pas. Ainsi, parmi les villes voisines de Lyon, vous avez :

Limonest : Limonè
Chaponost : Chaponô
Beynost: Beynô
Brindas : Brindâ
Saint-Fons : Saint-Fon

De même, si vous descendez à l'arrêt de funiculaire de Saint-Just pour redescendre ensuite visiter le site gallo-romain, il faudra prononcer 'Saint-Ju'.


le francoprovençal
D'après G. Tuaillon (1972), « Le francoprovençal. Progrès d'une définition »


donc les expressions typiques lyonnaises :

Voici donc les mots et expressions les plus courantes encore utilisées de nos jours:


Aboucher : Mettre à l'envers, la bouche en bas.

Abouser : Tomber sans retenue, comme une bouse. Ex :La Tour Pitrat s’abousa le 27 août 1828. Certains prononcent "aboser".

Allée : Une entrée d'immeuble

Anier : Conducteur du tombereau qui ramassait les équevilles avant la guerre. Aujourd'hui appelés éboueurs.

Banaver : Il s'agit de draguer une fille ou une femme. Cette expression signifie aussi mentir

Benouiller : Mouiller abondamment. Ex : Avant que d'être tout benouille sous l'orage, vaut mieux s'abriter dans une traboule.

Bête : Individu stupide. Ex : Ce gone est bête comme trente six cochons a la renverse.

Bistanclaque : onomatopée : Nom donné au métier à tisser d'après le bruit qu'il produisait en fonctionnant.

Borgnon : De l'expression " aller à borgnon ", dans le noir.

Bouame : Ou "boime", flagorneur, flatteur hypocrite...

Bouchon : un petit restaurant de spécialités lyonnaises, ou le nom du repas qu'on y prend (le soir, par opposition au mâchon du matin)

Bugne : beignet confectionné pour Mardi gras et découpé dans la pâte avec une roulette ou éperon

Cacaboson : A cacaboson : accroupi. Ex : Ayant laissé tombe sa clé de boite aux lettres, Nicole se mit à cacaboson pour la chercher.

Caisse d'équevilles : C'est à Lyon la designation de la poubelle parisienne, (du nom du prefet de la Seine de la fin du XIX siècle qui en instaura l'usage).

Canus(e) : néologisme adjectif dérivé du nom (canuse) : tisseur de soie.

Cogne-mou : abruti, homme sans initiative.

Cotivet : La nuque. Ex : Un coup de froid sur le cotivet peut vous flanquer le bocon (poison, maladie).

Darnier : Derrière. Demeurer sur son darnier, pour rester assis.

Débarouler : Dégringoler les escaliers dans une traboule.

Escalier : A Lyon, le mot s'emploi au pluriel ( pour marches ).

Faganat : Odeur nauseabonde. Terme venant du mot fouine.

Fenotte : Femme gentille, aimable (expression intime).

Frouilleur : Tricheur

Gandoise : Plaisanterie, raillerie.

Gandouse : Naguère, fumier humain extrait des fosses d’aisance.

Gloriette : Mot français. Tonnelle de jardin. Le poète Josephin Soulary demeurait rue des Gloriettes à la Croix-Rousse.

Gognandise : Plaisanterie à caractère un peu grivois. Par respect on disait : Vaut mieux en dire que d’en faire.

Goguenots : W.C. Dans les maisons de canuts, ils sont situés sur le palier des montées d'escalier.

Gone : Gamin. Par extension, se dit des habitants de Lyon.

Gognand : petit garçon un peu niais, benêt.

Grattons : Petits fragments rissolés de la graisse de porc après qu'elle ait été fondue.

Lentibardaner : Flâner avec volupté ou lentement. Ex : Trabouler en se lantibardanent. On dit aussi " se bambaner".

Lugdunum : Premier nom de la ville de Lyon fondée en 43 avant Jésus-Christ par Munatius Plancus.

Mâchon : Copieux repas traditionnel du matin (entre 10h et midi, ce qui correspondrait au brunch américain), encore servi le week-end dans certains bouchons.

Marpailler : Ecraser, abîmer. Ex : La nuit, n’ayant pas vu que la porte de la traboule était ferme, il s’est marpailler le groin.

Matefaim : crêpe lyonnaise copieuse.

Mathevon : Sobriquet donne aux terroristes de Lyon pendant la révolution.

Mécanique Jacquard : Ensemble mécanique ajoute au-dessus d'un métier à tisser et permettant de réaliser les dessins sur étoffe "faconnée", au moyen de cartons perforés.

Pitrogner : Triturer grossièrement. Ex : Madame, vaut mieux prendre les traboules que le métro. Il y a moins de risques de se faire pitrogner par un dégoûtant.

Porte-pot : Naguère, épicerie avec des vins à emporter.

Pot : Ancienne mesure de vin. A la fin du siècle dernier : un litre et 13 centiles ½. Aujourd’hui, dans les bistrots lyonnais, il est tombé à 46 centilitres.

Poutrone : Femme de mauvaise vie. Poupée en carton servant aux modistes.

Rat de cave : Autrefois bougie enroulée en spirale servant à éclairer dans les couloirs.

Rebeyne : Autrefois révolte lyonnaise. La plus importante fut la grande Rebeyne de 1529.

Regardant : Chiche ; économe, avare. On dit aussi regrattier.

Regonfle (à) : En abondance. Ex : Sur les pentes la croix Rousse, il y a des traboules à regonfle. On peut dire aussi : cuchon pour tas.

Reluquer : Admirer, regarder avec envie.

Roquer du pied : Heurter du pied. Ex : C’est en allant à borgnon que l’on risque de roquer du pied et de faire péter le darnier (ou faire patacu).

Sampille : Guenille. Au figure vagabond, vaurien, femme de mauvaise vie ou poutronne que l'on peut rencontrer dans certaine traboule à l'hôtel discret.

Soyeux : Fabriquant de soierie ou plus fréquemment le négociant en soierie.

Tarabate : Personne turbulente et pénible.

Têtes de chats : Pavage fait de galets des bords du Rhône. Quelques cours de traboules en sont encore garnies.

Vitrier fritteur : Commerce spécifique lyonnais tenu par des italiens émigrés. Le jour : vitrier, encadreur ; le soir : fritteur.

Vogue : Fête baladoire très populaire et que l'on nomme "foire" à Paris. La plus célèbre est la vogue des marrons et du vin blanc doux a la croix rousse.

Vorace : Se dit d'un groupe de canuts très actifs révolutionnaires, principalement en 1848. D'origine incertaine, cette appellation pourrait venir soit de leur désir de trouver des débiteurs de vin à la mesure avantageuse, soit de leur appétit d'avantage sociaux jugés trop important pour leur époque.


Si vous connaissez d'autres expressions de patois lyonnais, n'hésitez pas à m'en faire part.

Livres sur le Parler Lyonnais



Liens utiles sur le parler lyonnais


Vous aimez l'histoire des langues, alors voici quelques liens pour approfondir le sujet. N'hésitez pas à venir également visiter Lyon et son patrimoine exceptionnel.

Voici un lien intéressant avec un dictionnaire Lyonnais /Français

Les amis de Guignol avec une dictée lyonnaise

La famille Castelbou, site avec des texte écrits en parler lyonnais
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